La transformation des professions juridiques

Retour à la liste des actualités
La transformation des professions juridiques

La transformation des professions juridiques

28 janvier 2022  - Droit

Selon une enquête de Wolters Kluwer menée en mars 2021 auprès de 700 professionnels du droit dans neuf pays européens et aux Etats-Unis (« Avocats et Juristes face au futur », édition européenne 2021), la pandémie a accéléré la transformation du secteur juridique. Sans grande surprise, l’enquête confirme des tendances déjà existantes, mais met en exergue une croissance de certains éléments. Les avocats qui ont été sondés s’attendent à une évolution générale des tendances suivantes dans les années à venir :

  • l’importance croissante des technologies juridiques – 77 % ;
  • la gestion de la complexité et du volume croissant de l’information – 77 % ;
  • l’adaptation à l’évolution des attentes des clients et des dirigeants – 76 % ;
  • la capacité à acquérir et à conserver les talents – 76 % ;
  • la priorité donnée à l’augmentation de l’efficacité et de la productivité – 75 % (1).

Ce qui ressort fortement de cette enquête est le fait que la seule connaissance juridique n’est plus suffisante. Les avocats, en plus d’être d’excellents praticiens du droit, doivent, en tant que premiers conseillers des entreprises, proposer des réponses aux enjeux stratégiques de leurs clients qui évoluent constamment et de plus en plus rapidement.

Comment répondre aux tendances majeures

Les affaires sont bien souvent complexes et internationales, les projets de plus en plus transversaux, mêlant le droit à d’autres dimensions multipliant les interactions avec d’autres métiers. L’avocat doit apporter un service à valeur ajoutée à ses clients. Il devient ainsi un gestionnaire de projets juridiques qui doit se coordonner avec différents corps de métier pour apporter la meilleure réponse aux problématiques de ses clients. L’utilisation des principes, outils et techniques de la gestion de projets dans le milieu juridique permet une meilleure gestion des coûts, des prix, des risques, des ressources et des communications avec le client. Ce dernier est plus que jamais au centre de la relation !

Et pour l’aider dans cette meilleure gestion des ressources, l’avocat pourra s’appuyer sur des nouvelles technologies, qu’il devra apprendre à utiliser. Mais au-delà de la simple acquisition de compétences d’ordre technique, les études d’avocats de demain vont devoir évoluer en instaurant notamment une culture du Knowledge Management (KM), pratique répandue dans le monde de l’entreprise et désormais adoptée dans le secteur juridique. Le monde des affaires s’accélère et l’un des enjeux majeurs pour les professionnels du droit est de disposer de la bonne information rapidement et de répondre aux clients dans les meilleurs délais. Le KM a pour vocation de capitaliser et de valoriser les connaissances juridiques disponibles dans l’étude. L’objectif de la gestion des connaissances réside dans la volonté de transformer les informations et les connaissances tacites, c’est-à-dire celles acquises par l’avocat ou le juriste de par son expérience et savoir-faire, en connaissances explicites, facilement partageables au sein de l’étude, mais aussi à l’ensemble des différentes parties prenantes, afin d’être réutilisables par des pairs lors d’affaires similaires, par exemple.

La communication entre l’avocat et l’utilisateur final des prestations juridiques est un autre élément crucial regroupant plusieurs des tendances évoquées dans l’enquête. Rendre un document intelligible à toutes les parties prenantes et utilisateurs a un impact direct sur son efficacité. Le Legal Design passe par une meilleure visualisation de l’information juridique, ce qui va permettre une meilleure compréhension et d’en cerner plus rapidement l’application concrète.

Bien loin d’être simpliste, cette méthode redonne une réelle importance à chaque mot utilisé et prend alors tout son sens dans des propositions telles que celles émises par la Direction des Affaires Civiles et du Sceau (DACS) en France. En effet, le 27 août 2021, la DACS a publié des propositions de structuration des écritures des avocats. L’une d’entre elles est d’imposer la rédaction d’une synthèse des moyens invoqués en seulement 1 000 mots. La DACS précise que : « La structuration des conclusions soumises au juge améliore le respect du contradictoire et la clarté des débats ; en effet, mieux présentées et plus synthétiques les écritures permettent aux avocats des parties d’apporter une réponse plus claire à des moyens mieux identifiés. Cette structuration des écritures conduit, par voie de conséquence, à un gain de temps pour le juge qui appréhendera plus facilement les faits sur lesquels les parties s’accordent et les moyens au soutien de leurs prétentions » (https://www.village-justice.com/articles/structuration-des-ecritures-des-avocats-projet-dacs-non-aux-1000-mots-synthese,40240.html).

Les professions juridiques sont clairement en phase de transformation accélérée. Faire face aux tendances actuelles veut dire se lancer dans une aventure qui fera de vous des gestionnaires de projets et de connaissances juridiques, ainsi que des facilitateurs de l’information juridique.

Des formations sur ces trois thématiques sont proposées ici.


Partager cet article sur :